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Collab: Trois jours et une vie par Stéphanie Fiset

by - 14 h 35 min 00 s


J'ai entendu parlé de Pierre Lemaître alors que j'écoutais la radio en conduisant. Je ne le connaissais pas, mais après la présentation, j'ai décidé de le lire.

« À la fin de décembre 1999, une surprenante série d’événements tragiques s’abattit sur Beauval, au premier rang desquels, bien sûr, la disparition du petit Rémi Desmedt.
Dans cette région couverte de forêts, soumise à des rythmes lents, la disparition soudaine de cet enfant provoqua la stupeur et fut même considérée, par bien des habitants, comme le signe annonciateur des catastrophes à venir.
Pour Antoine, qui fut au centre de ce drame, tout commença par la mort du chien… »

Ma curiosité était piquée.

J'ai tout de suite été attirée par la couverture en contraste, rouge et vert, un rai de lumière qui traverse une forêt dense et solitaire. Parfois, le graphisme d'un bouquin rend tellement bien l'atmosphère dans lequel nous entrerons.

Trois jours et une vie s’amorce dans un petit village en France, Beauval. Un village anonyme comme tant d'autres, où les habitants se connaissent tous et où les rumeurs circulent à vitesse grand V.

Antoine, 12 ans, vit avec sa mère stricte dans cet endroit. Plutôt solitaire, il a une bande d'amis avec qui il passe ses temps libres à jouer dehors. Sa vie est somme toute banale, mais survient un premier événement fâcheux, la mort du chien Ulysse, compagnon de jeu d'Antoine. Il est abattu froidement, après avoir été renversé par une voiture, par le déplaisant monsieur Desmedt.  Après cet épisode traumatisant pour Antoine, le garçon retourne vers la forêt y chercher une échappatoire, il construit donc une cabane pour impressionner la bande de copains, désormais intéressée que par la nouvelle console Playstation de l'un deux. On peut facilement s'attacher à Antoine, qui navigue entre l'enfance et l'adolescence. On comprend aussi sa fureur et sa tristesse, et après l'incident au cœur du récit, on espère qu'il passera à travers. Le geste qu'il commettra sera sordide et sera lourd de conséquences, mais on s'identifie à ce garçon, rongé de remords et d'inquiétude.

Le style de Monsieur Lemaître est nerveux, fluide, voire haletant. Certaines phrases sont écrites comme une suite d'idées qui déboule, sans répit. La cadence de son écriture colle bien avec le rythme du récit; les pensées d'Antoine se bousculent, les événements dégénèrent, on est sur le qui-vive constamment. Que va t'il arriver? Est-ce que la vérité sera dévoilée?

Avec une finale inattendue, je peux certifier que j'ai été surprise, car j'imaginais déjà la fin depuis le milieu du roman. Je suis restée pensive un moment, en retournant dans certains passages du roman. L'auteur soulève des questions, les laisse en suspens, nous laisse songer aux recoins sombres de la conscience humaine et d'une panoplie de sentiments : la culpabilité, la honte, l'espoir, la futilité, la colère, l'oubli.

Je recommande fortement ce roman noir à l'intrigue efficace.

☆☆☆☆

Trois jours et une vie
Pierre Lemaitre
Albin Michel (2016)

Cette chronique a été rédigée par notre collaboratrice Stéphanie Fiset. Cliquez-ici pour acheter le livre.

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